mardi

Viola Girl

Lui. Hier soir. Le métro, ligne 7. Entre la place d'Italie et le Kremlin. Oui, le Kremlin, parce que j'en ai oublié de changer de métro à Maison Blanche pour Ivry. Je l'ai vu entrer, pas très grand, brun, queue de cheval catogan, tout en noir, sarouel et caban, l'Eastpak sur une épaule. Il s'est assis sur le strapontin à côté de moi, je me suis concentrée sur mon livre. Il a lu une phrase, à voix haute : « Nous entendons un grésillement d'origine électrique. Au même moment, l'écran acquiert une parcelle de vie et commence à clignoter très légèrement. » Il a retourné le livre pour voir la couverture et a souri : « Murakami, j'en étais sûr… » Je n'ai pas eu le temps de répliquer, de lui lancer qu'il était pas peu gonflé et qu'il avait qu'à se servir, il a ajouté, comme si on se connaissait depuis toujours : « Et l'autre Murakami, Ryu, tu le connais ? C'est plus trash, c'est sûr. T'aimes le Japon ? Moi, c'est ma vie. »
À la fin de la ligne, on avait oublié de descendre tous les deux, on est reparti dans l'autre sens. Je lui ai donné mon profil facebook, mon numéro de portable. Lui, il m'a donné sa page Myspace, il joue dans un groupe, de la basse. Du violoncelle quand il est seul. Il m'a soufflé à l'oreille que j'étais sa "Viola girl", Viola, comme China. J'ai rien compris, je ne savais plus qui j'étais. Il a ajouté : Bowie, David. Tu dois trouver ça sur YouTube. Et il est descendu à Villejuif Louis-Aragon.
C'était tellement… speed. Fort. Violent. Viola, violent. Je ne sais pas son prénom. On se voit samedi.
China girl, Bowie, bien sûr, j'ai trouvé. Mais qui est China, qui est girl dans cette histoire ? Ouf, tout m'échappe.